Mel Bonis naît Mélanie Bonis en 1858 à Paris dans une famille modeste qui possède cependant un piano, à cette époque où l’instrument s’impose dans une large frange de la société. Elle se forme à la musique en autodidacte et pratique l’improvisation. Un ami de la famille remarque son talent : elle devient vers l’âge de dix-huit ans élève en cours privés de César Franck. Elle entre au Conservatoire de Paris en 1877 pour y étudier l’harmonie avec Ernest Guiraud qu’elle suit quand il est nommé professeur d’une classe de composition. Elle participe aussi en auditrice à la classe d’orgue de César Franck. C’est à cette époque qu’elle choisit son pseudonyme ambigu qui témoigne de sa conscience des difficultés rencontrées par les compositrices. Sa dernière année d’études est interrompue par la décision parentale de la retirer du Conservatoire pour couper court à un projet de mariage avec un camarade. Elle donne des cours de piano et rencontre ainsi un père d’élèves, un riche industriel, Albert Domange, deux fois veuf, qu’elle épouse en 1883. Elle se consacre alors à sa vie d’épouse et de mère, mettant au monde trois enfants, sans toutefois abandonner totalement la composition. La rencontre vers 1890 avec son amour de jeunesse, Amédée Hettich, critique et professeur de chant, lui permet de renouer avec le monde musical. Elle se consacre alors professionnellement à la composition musicale et se fait accepter par les compositeurs de son temps, devenant en 1910 la première femme à être élue secrétaire de la Société des Compositeurs de Musique. Sa production importante de près de deux cents pièces connaît une renaissance depuis une vingtaine d’années. Il s’en détache ses Femmes de légende pour piano, ses pièces de musique de chambre et ses trois pièces pour grand orchestre, Salomé, Ophélie et Le Rêve de Cléopâtre, qui se placent parmi le meilleur de la production de musique française du début du XXe siècle.

– Florence Launay –