Jeanne Demessieux naît à Montpellier en 1921, fille cadette de Madeleine Mézy et Étienne Demessieux, haut fonctionnaire aux chemins de fer. Elle apprend le piano avec sa sœur Yolande qui lui fait aussi découvrir l’orgue, puis entre au Conservatoire de Montpellier où elle remporte un premier prix de piano à onze ans. Sa famille part à Paris pour lui permettre d’entrer en 1933 au Conservatoire où, élève de Magda Tagliaferro, Jean et Noël Gallon, Henri Büsser et Marcel Dupré, elle obtient les prix d’harmonie (1937), piano (1938), contrepoint et fugue (1939) et orgue et improvisation (1941). Dès 1933, elle est titulaire de l’orgue de l’église du Saint-Esprit. Elle jouera fréquemment à Saint-Sulpice et deviendra en 1962 titulaire de l’orgue de la Madeleine. Sa phénoménale virtuosité et ses capacités hors du commun (elle connaissait par cœur plus de deux mille œuvres et pouvait terminer un concert en improvisant une symphonie en quatre mouvements) lui permettent de débuter en 1946 une carrière internationale qui la conduira dans toute l’Europe et aux États-Unis pour plus de sept cents concerts jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de quarante-sept ans. Elle avait signé peu avant son décès un contrat pour un enregistrement intégral des œuvres pour orgue d’Olivier Messiaen. Elle trouve le temps d’enseigner l’orgue, avec passion, à Nancy, Liège, Dublin et Haarlem. Et le temps de composer. Aux côtés de quelques mélodies, pièces pour piano et œuvres de musique de chambre (notamment une Sonate pour violon et piano (1940), elle écrit pour l’orgue : Nativité (1943-1944), Six Études (1944), Sept Méditations sur le Saint-Esprit (1945-1947), Triptyque (1947-1948), Douze Choral Préludes (1947), Te Deum (1957-1958), Prélude et Fugue en Ut (1964), six Répons (1962-1966) et un Poème (1949) pour orgue et orchestre. Son œuvre d’orgue a fait l’objet d’un enregistrement intégral. Elle laisse aussi La Chanson de Roland (1951-1956), un oratorio pour mezzo soprano solo, chœurs et orchestre.

– Florence Launay –