Clémence de Grandval, fille de Louise Adèle du Temple de Mézière et de Léonard de Reiset, naît en 1828 au Château de la Cour du Bois, à Saint-Rémy-des-Monts dans la Sarthe. Friedrich von Flotow est son premier professeur de composition. Elle aurait composé dès l'âge de dix ans des œuvres symphoniques qu'elle dirigeait elle-même. Elle est pour le piano élève de Chopin. Son mariage en 1851 avec Amable Enlart de Grandval ne freine pas sa vocation. Ils ont deux filles, dont seule survit Thérèse, née en 1852. Elle étudie alors la composition avec Camille Saint-Saëns. Également cantatrice, elle interprète ses mélodies en concert et en a laissé plus d’une soixantaine. Elle compose de nombreuses œuvres de musique de chambre avec piano, reflets de son activité de pianiste chambriste à partir de 1850. Sa production symphonique est importante, avec notamment La Forêt (1874) pour solistes, chœur et orchestre, et son Concerto pour hautbois et orchestre (1878), fréquemment interprété par le célèbre hautboïste Georges Gillet. Elle connaît le succès dans le domaine de la musique sacrée : sa Messe (1867), son Stabat (1870) et ses oratorios Sainte Agnès (1876) et La Fille de Jaïre (1880) font l’objet d’exécutions dans de grandes églises parisiennes et de province. Elle s’exprime aussi dans des ouvrages lyriques : Le Sou de Lise en 1860 au Théâtre des Bouffes-Parisiens, Les Fiancés de Rosa en 1863 au Théâtre-Lyrique, La Comtesse Eva en 1864 à Baden-Baden, La Pénitente en 1868 à l’Opéra-Comique, Piccolino en 1869 au Théâtre-Italien et Mazeppa en 1892 au Grand-Théâtre de Bordeaux. Elle reçoit le prix Rossini en 1880 pour son oratorio La Fille de Jaïre et le prix Chartier en 1890 pour sa musique de chambre. Mais l'on déplore la disparition quasi totale des partitions d'orchestre de sa production, ce qui rend impossible une renaissance de ses œuvres symphoniques et lyriques.
Notons que des éditeurs et dictionnaires la nomment Marie de Grandval, ce qui est erroné : son prénom d’usage était Clémence.

– Florence Launay –