France
Blanche de Castille (1188 [Palencia, Castille] -1252 [Melun, France])

Fille d’Alphonse VIII de Castille et d’Aliénor d’Angleterre, Blanche est née au printemps 1188 à Palencia. C’est sa grand-mère Aliénor d’Aquitaine qui la choisit pour épouser Louis, prince héritier fils de Philippe Auguste et futur Louis VIII. Mariée en 1200, Blanche sera couronnée reine de France en 1223. Elle exercera la régence à deux reprises, d’abord après le décès de Louis VIII, entre 1226 et 1235 (année de la majorité de son fils, Louis IX) puis de 1248 à sa mort, Louis IX étant alors parti en Orient à l’occasion de la septième croisade. Fine politique, la reine est aussi particulièrement pieuse et fonde les abbayes de Royaumont et Maubuisson ainsi que celle du Lys.

Issue d’un brillant cercle de mécènes, Blanche tient elle-même une cour prestigieuse à Mantes-la-Jolie, où elle réside avec son jeune prince époux, le futur Louis VIII. Gace Brulé y chante durant l’hiver 1212-1213 et le trouvère Thibaut de Champagne, neveu de Blanche, l’y entendra d’ailleurs, qui est élevé à Mantes durant cinq ans, de 1209 à 1214.

Blanche de Castille apparaît à deux reprises dans les chansonniers de trouvères. La rubrique (« Roïne Blanche ») du seul manuscrit fragmentaire qui la conserve la donne pour autrice d’une chanson pieuse à refrain : Amour ou trop tart me sui pris. La musique en est calquée sur une chanson d’amour anonyme à l’incipit proche (Amours, a cui je me rent pris) selon le principe courant du contrafactum. La trouveresse est aussi mentionnée comme partenaire de Thibaut de Champagne dans le jeu parti Dame, merci, une riens vous demant, où elle moque l’embonpoint du trouvère. Mais seul le manuscrit Vatican, Bibl. apost. Vat., Reg. lat. 1522, où le texte seul du poème est copié (fol. 169v) porte l’indication « le roi de Navarre à la reine Blanche » : dans toutes les autres sources, le dialogue est attribué au seul roi-trouvère. Bien plus âgée que lui, Blanche a pratiquement élevé son neveu (elle est aussi une amie proche de sa mère) et de profonds liens d’affection les unissent, que la légende accréditée par les Grandes Chroniques de France a tôt fait de prendre pour une relation amoureuse. Certes, aucun détail de la chanson ne vient appuyer le témoignage de la rubrique du jeu parti et l’amour exprimé dans le poème n’est pas celui que peut éprouver un neveu pour sa tante : le trouvère aurait-il pu dialoguer avec sa tante, qu’il a notamment revu lors d’un séjour à Pontoise en août 1251, sur un sujet « fictif » ? Nul ne le saura jamais et peut-être le rubricateur du manuscrit conservé à la bibliothèque vaticane a-t-il seulement souhaité rendre hommage à la mère de saint Louis. Néanmoins, même si Blanche n’est pas la trouveresse interlocutrice du jeu, rien ne permet de douter de la rubrique de la chanson pieuse.

– Anne Ibos-Augé (IReMus – Paris, Sorbonne Université) –
Contributeur : Présence Compositrices - dernière mise à jour 16 décembre 2024

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