Cécile Chaminade naît à Paris en 1857 dans une famille mélomane de la haute bourgeoisie. Georges Bizet, ami de ses parents, conseille des études au Conservatoire de Paris, mais son père s’oppose à une formation de musicienne professionnelle : il ne conçoit les activités des musiciennes que dans le cadre des « arts d'agrément ». Elle suit donc une formation en privé avec Félix Le Couppey pour le piano, Augustin Savard pour l’écriture musicale et Benjamin Godard pour la composition. L'opposition de son père finit par céder. Après ses débuts de pianiste en 1877, elle est accueillie en 1880 par la Société Nationale de Musique pour son Trio, op. 11, puis en 1881 pour sa Suite, op. 20, pour orchestre. En 1884, elle termine sa symphonie dramatique Les Amazones, op. 26, sur un livret féministe de Charles Grandmougin, qui sera créée en 1888 à Anvers en même temps que son Concertstück, op. 40, pour piano et orchestre, une œuvre à l'avant-garde de l'influence extrême-orientale qui marquera la musique française à partir de 1889. La Société Nationale de Musique avait accueilli en 1887 son Deuxième Trio, op. 34. L’année 1888 voit le succès de la création à l'Opéra de Marseille de son ballet Callirhoë, op. 37. Son inspiration novatrice se brise vers 1890 pour des raisons encore à élucider. Débute alors sa carrière de « compositrice de salon », avec de très nombreuses pièces de piano et mélodies destinées aux amateurs. Elle ne revient à l’écriture symphonique qu’en 1902 avec son Concertino, op. 107, pour flûte et orchestre, une commande du Conservatoire. Un contrat exclusif la lie à l'éditeur Enoch et la diffusion de ses œuvres se fait dans le monde entier. Son succès aux USA est considérable : de nombreux « Clubs Chaminade » la placent en véritable « role model » de la femme moderne. Mariée tard, elle se considérait en fait « mariée à sa musique ». Elle fait partie des premières femmes à diriger des orchestres et serait la première compositrice à avoir reçu la Légion d'Honneur, en 1913.

– Florence Launay –