Loïsa Puget naît à Paris en 1810. Elle est formée à la musique par sa mère, Jeanne-Françoise Stassny, une cantatrice. Elle se fait connaître vers 1830 par ses romances, genre vocal en vogue depuis la fin du XVIIIe siècle et majoritaire dans la pratique musicale des amateurs et amatrices avec la présence croissante de pianos dans les salons de la bourgeoisie en expansion. Elle obtient un énorme succès et publiera entre trois et quatre cents romances, en majorité sur des paroles de celui qui deviendra son époux en 1845, l’homme de lettres Gustave Lemoine. La presse la sacre la « reine de la romance ». Sa notoriété traverse les frontières et atteint même les États-Unis où ses succès sont publiés en traduction anglaise. Sa réussite lui permet d’accéder dès 1836 à l’Opéra-Comique avec un ouvrage en un acte, Le Mauvais Œil, sur un livret de Scribe et de Lemoine. Elle perfectionne à cette occasion sa formation en prenant des cours d’orchestration avec Adolphe Adam. L’ouvrage, porté par son amie la célèbre cantatrice Laure Cinti-Damoreau dans le rôle principal, obtient un succès d’estime, la presse s’accordant à déclarer, à l’instar d’Hector Berlioz dans la Revue et gazette musicale de Paris, que Loïsa Puget a réussi son coup d’essai et doit maintenant asseoir son talent avec d’autres ouvrages sur de meilleurs livrets. Cependant, contrairement à la plupart de ses collègues compositeurs d’opéras-comiques qui eurent la possibilité de présenter plusieurs ouvrages avant d’atteindre au succès, Loïsa Puget ne réapparaît pas à l’Opéra-Comique, pour des raisons encore à déterminer. Elle poursuit cependant sa carrière de « romancière », atteignant l’apogée de son succès en 1842 avant de passer de mode vers 1852. Le couple Puget-Lemoine revient brièvement à la scène lyrique en 1869 avec une opérette, La Veilleuse ou Les Nuits de Milady. Ils ont cependant été très présents sur les scènes théâtrales du XIXe siècle grâce à leurs romances, abondamment piratées par les théâtres de vaudeville.

– Florence Launay –