Charlotte Sohy naît Charlotte Durey à Paris en 1887 dans une famille aisée de la bourgeoisie industrielle qui pratique les arts. Consciente des difficultés rencontrées par les compositrices, elle utilisera un pseudonyme, le nom de son grand-père maternel, Charles Sohy. D’abord élève du chef d’orchestre et compositeur Georges Marty pour le piano et l’harmonie, elle étudie ensuite à la Schola Cantorum : l’orgue avec Alexandre Guilmant puis Louis Vierne, et la composition avec Vincent d’Indy. C’est à la Schola qu’elle rencontre son futur époux, Marcel Labey, chef d’orchestre et compositeur. Ils se marient en 1909 et auront sept enfants. Leur situation de fortune leur permet, jusqu’à la crise des années 1930, de se consacrer entièrement à la musique, chacun composant dans son studio et appréciant les œuvres de l’autre, un cas très rare dans l’histoire de la musique. Marcel dirige des œuvres de son épouse, et elle-même, également douée pour la littérature, écrit le livret du drame lyrique de son mari, Bérengère. Charlotte Sohy laisse un œuvre réduit mais dense de trente-cinq opus, dont treize ont eu l’honneur d’une création à la Société Nationale de Musique, et qui marquent son attachement au style post-romantique français. Il s’en détache une Sonate pour piano (1909-1910), les mélodies Trois Chants Nostalgiques (1910) avec orchestre, sa légende musicale Les Quatre Rencontres de Bouddha (1912-1913), une Symphonie (1914-1917), son drame lyrique L’Esclave couronnée (1917-1921) sur son propre livret inspiré de l’écrivaine suédoise Selma Lagerlöf, un Thème varié pour violon et orchestre (1921), Danse Mystique (1922) pour orchestre, un Trio pour violon, violoncelle et piano (1931) et deux quatuors à cordes (1934 et 1949). Si son drame lyrique L’Esclave couronnée sera finalement créé en 1947 à l’Opéra de Mulhouse, sa Symphonie devra attendre plus d’un siècle pour être créée, en 2019 à Besançon, par l’Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté sous la direction de Debora Waldman.

– Florence Launay –